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Le Rassemblement national et la peur de la trahison

Les défections en faveur d’Éric Zemmour se multiplient. Chez Marine Le Pen et le Rassemblement national, une peur se fait ressentir en pleine campagne pour la prochaine élection présidentielle de 2022.



Marine le Pen, candidate du Rassemblement national, tente de se démarquer face à la candidature de Zemmour © La Croix


"Je réfléchis, aucune décision n'est prise" mais "si je soutiens Éric, ce n'est pas juste pour passer une tête et dire coucou", a déclaré, jeudi 27 janvier, sans bagage, Marion Maréchal dans les colonnes du Parisien. De quoi jeter un froid au sein du Rassemblement national puisque Marine Le Pen répondra sur CNews : “Évidemment, c’est brutal, c’est violent, c’est difficile pour moi”. Un conflit par médias interposés sur fond de campagne présidentielle où l’extrême droite française est tiraillée entre la traditionnelle famille Le Pen et le nouvel arrivé Éric Zemmour.




Nombreuses défections


Les eurodéputés Gilbert Collard et Jérôme Rivière ont quitté, durant le mois de janvier, le Rassemblement national pour rallier le parti Reconquête! d’Éric Zemmour. Ils ont, par la suite, été exclus du groupe Identité et Démocratie au Parlement européen. La situation agace au sein du parti en témoigne le violent échange entre Caroline Parmentier, attachée de presse, et l'eurodéputé Nicolas Bay, suspecté de partir. “Il y a des limites à l’hypocrisie et à la duplicité. Barre-toi maintenant plutôt que de bouffer le plus longtemps possible au râtelier”, dévoile Libération dans son édition de ce lundi 31 janvier.


Face aux nombreuses défections, la candidate du RN se montre désormais inflexible. Si elle a longtemps botté en touche, son discours est désormais sans concessions : “Que ceux qui veulent partir partent, mais qu’ils partent maintenant”. En marge d’un déplacement à Madrid, Marine Le Pen a lâché cette phrase pleine de sens qui montre que son succès passera par la loyauté de ses soutiens et non pas au nombre.


Si Marion Maréchal semble avoir déjà choisi son camp, ce n’est pas le cas pour Jean-Marie Le Pen. Au micro de LCI, il a dévoilé son soutien à sa fille tout en assurant avoir de la “sympathie” pour Éric Zemmour. Un sentiment qu’a largement dépassé l’influenceur Damien Rieu qui a également quitté le Rassemblement national pour voir si l’herbe était plus verte ailleurs.



Le traumatisme de la trahison de 1999



Jean-Marie le Pen maintient son soutien à sa fille © Bernard Patrick/ABACA


La paranoïa ambiante à l’intérieur du parti est principalement due au douloureux souvenir de la trahison mégrétiste de 1999. A la fin du siècle dernier, Bruno Mégret et ses lieutenants ont quitté le Front national avec 140 conseillers régionaux et 62 secrétaires départementaux. Interrogé par Le Figaro en 2018, Jean-Lin Lacapelle se remémore l’ambiance de l’époque : “À la Maison de la Chimie, j'étais assis à côté d'Édouard Ferrand, de Yann et de Marine Le Pen. On a cru qu'on ne s'en relèverait jamais. Heureusement, Mégret est parti avec les cadres mais pas un seul adhérent.


Il reste donc à savoir si, en 2022, le Rassemblement national va perdre ses adhérents au profit d’Éric Zemmour. La principale différence entre les deux situations est l'échéance présidentielle qui va forcément devoir faire choisir les sympathisants de l’extrême droite entre Marine Le Pen et Éric Zemmour.



Enzo Leanni

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