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Conflit russo-ukrainien : quatre questions pour mieux comprendre la situation

La tension ne cesse de monter entre la Russie et l’Ukraine, sous le regard spectateur des Occidentaux. Depuis novembre dernier, la question d’une possible invasion de l’Ukraine par la Russie ne cesse de se poser. Les réactions internationales, quant à elles, s’enchaînent. Explications sur la situation.


Le président Ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans la région du Donetsk (Ukraine), le 11/02/21 © Ukrainian Presidential Press Office via AP.

Forces de l'OTAN placées en alerte, évacuation des familles de diplomates américains, australiens et britanniques en Ukraine, réaction d’Emmanuel Macron et avertissements à l'égard de la Russie… Les tensions se sont rapidement accrues ces derniers jours entre les Occidentaux et la Russie à propos d'une éventuelle invasion de l'Ukraine par Moscou.


Depuis novembre dernier, les Etats-Unis s'inquiètent en raison de troupes russes massées à la frontière avec l'Ukraine. La Russie, elle, dément et demande des garanties pour sa sécurité. Pourquoi les tensions se sont-elles brutalement accélérées ? Comment réagissent les Occidentaux et que répond la Russie ? Voici quatre questions pour comprendre la crise russo-ukrainienne, et ce qu’elle implique.



Que se passe-t-il à la frontière russo-ukrainienne ?


Fin octobre, des vidéos ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux, affirmant montrer des mouvements de troupes, chars et autres armes lourdes russes en direction de la frontière ukrainienne, dans la zone du Donbass, une région partagée entre l’Ukraine et la Russie. Le samedi 14 novembre, l’Ukraine affirme une fois de plus la présence des forces militaires russes aux abords de sa frontière et courant décembre, la Russie aurait massé des dizaines de milliers de soldats et de l'artillerie à la frontière ukrainienne.


Le plan russe d'invasion impliquerait le déploiement de plus de 175.000 militaires. Selon les renseignements américains et ukrainiens, ce plan russe prévoirait l'invasion de l'Ukraine. Les renseignements américains affirment même que la Russie a déployé des agents dans l'est de l'Ukraine pour mener des opérations de "sabotage" visant à créer un "prétexte" pour une offensive. Le Kremlin nie avoir de telles intentions.


La concentration de troupes russes sur la frontière ukrainienne au 7 décembre 2021 © Thierry Gauthé / COURRIER INTERNATIONAL

Le chef des renseignements militaires ukrainiens Kyrylo Boudanov, a déclaré dimanche 21 novembre que la Russie avait massé près de 92.000 soldats, anticipant une offensive fin janvier ou début février. Cette offensive pourrait impliquer des frappes aériennes et d'artillerie, suivie d'assauts aéroportés et amphibies, notamment contre le port clé de Marioupol. Une autre offensive russe, plus petite, pourrait partir de la Biélorussie voisine, voire de la Crimée, a soutenu Kyrylo Boudanov auprès du média américain Military Times.



Quelles sont les origines du conflit ?


Pour comprendre la situation actuelle, un retour dans le temps est obligatoire. En 2004, se produit en Ukraine ce qu’on appelle la révolution orange. Cette année-là, l'élection frauduleuse du candidat pro-russe Viktor Ianoukovitch, à la présidentielle ukrainienne, pousse les Ukrainiens à descendre dans les rues. Le résultat immédiat de la révolution est l'annulation par la Cour suprême du scrutin et l'organisation d'un nouveau vote le 26 décembre 2004. Celui-ci donne la victoire à Viktor Iouchtchenko et par la même occasion crée le rapprochement entre l’Ukraine, l’Otan et l’Union Européenne qui ont soutenu le pays.


Cependant, en 2010, Viktor Ianoukovitch devient président et promet d'assurer la continuité des négociations pour un accord de coopération avec l'UE. Mais sous pression du Kremlin, il fait volte-face et annonce la fin des échanges. Un mouvement de protestation éclate sous le nom de révolution Maïdan, et pousse le président ukrainien à fuir en Russie, le 22 février 2014.


Les forces russes s’emparent de la Crimée en 2014 © Sean Gallup / Getty Images Europe

En réaction, des manifestations pro-russe éclatent dans les régions russophones du pays, des milices se forment et c’est toute une partie du pays qui finit par se soulever. C’est à partir de là que la situation dégénère dans le Donbass, où le conflit perdure toujours avec plus de 13 000 morts. Le 28 février 2014, des militaires sans insignes, vraisemblablement russes, prennent le contrôle de la Crimée. Le 18 mars, à la suite d'un référendum, le gouvernement russe annexe la Crimée.



Pourquoi une telle réaction de la part de Vladimir Poutine ?


Vendredi 10 décembre, la Russie a sommé une nouvelle fois l'OTAN d'annuler son engagement pris en 2008 envers l'Ukraine et la Géorgie, selon lequel ces deux pays deviendraient membres de l'alliance militaire. Moscou a mis en garde contre le danger d'une confrontation majeure en Occident, évoquant une nouvelle crise des missiles en Europe. "Ne pas être d'accord signifierait se rapprocher d'une grande confrontation", a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Ryabkov.


Vladimir Poutine veut garder une main de fer sur la situation © PIXABAY / DimitroSevastopol

Si Poutine réagit aussi mal à ce que l’Ukraine puisse intégrer l’OTAN c’est que, pour les Russes, il est très important qu’il y ait une sorte de zone tampon entre le territoire russe et les pays occidentaux. Dans l’imaginaire russe, il n’est pas vraiment possible de choisir son alliance, si cela peut nuire aux intérêts et menacer la sécurité du voisin. Vladimir Poutine souhaiterait donc obtenir de l’Occident des engagements écrits du respect des intérêts sécuritaires de la Russie, ce qui comprendrait le non-élargissement de l’OTAN et la non-disposition du matériel et des équipements de l’OTAN sur le territoire ukrainien.


Depuis la chute de l'URSS en 1991, "Vladimir Poutine considère que les anciens pays satellites doivent rester dans le giron russe. Il pense même que les Ukrainiens et les Russes ne forment qu'un même peuple, que l'Ukraine n'est pas un véritable État, et que le Kremlin est légitime pour décider de son sort", analyse Alexandra Goujon, politologue française spécialiste des pays d'Europe de l'Est et en particulier de la Biélorussie et de l'Ukraine.



Qu’en dit la communauté internationale ?


Réunis lors d’une visio-conférence lundi 24 janvier, les dirigeants des États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie et la Pologne promettent des “conséquences très lourdes” à Moscou en cas “d’agression” contre l’Ukraine. Face aux activités militaires de la Russie aux frontières ukrainiennes, les pays de l’Otan ont envoyé des navires et des avions de combat pour renforcer leur défense en Europe de l’Est.


Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, en déplacement à Kiev le 19 janvier, avait déjà plaidé en faveur de la "voie pacifique", alors que les troupes de Moscou s’amassaient à la frontière ukrainienne. Les Etats-Unis ont alors débloqué 200 millions de dollars d'aides supplémentaires pour l'Ukraine et la France a promis qu'elle "ne laissera pas les Ukrainiens seuls". Le Royaume-Uni a de son côté annoncé l'envoi d'armements à l'Ukraine.


Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky (à gauche), et le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, semblaient sur la même longueur d’onde, ce mercredi, à Kiev © AFP

Quant à la France, Emmanuel Macron va s’entretenir avec Vladimir Poutine ce vendredi 28 janvier. Le président de la République française a prévenu mardi soir qu'en cas d'agression de l'Ukraine par la Russie “la riposte sera là”. “J'aurai un échange (téléphonique) vendredi matin avec le président Poutine (...) pour faire un point sur l'ensemble de la situation”, a déclaré le locataire de l'Élysée lors d'une conférence de presse commune avec le chancelier allemand Olaf Scholz à Berlin.


Vladimir Poutine et Emmanuel Macron à Strelna, en Russie, le 24 mai 2018 © Dmitry LOVETSKY / POOL / AFP - AFP

A ce jour, les négociations sont au point mort. Washington a alerté sur une attaque russe possible "à tout moment" tandis que Moscou réclame des réponses "concrètes" à ses exigences.



Sibylle Beaunée

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